parlant à Mandane) que je ne veux que vous delivrer, je m’offre à demeurer dans voſtre priſon, lors que vous en ſortirez : Orſane & un illuſtre Amy que j’ay acquis dans ma Solitude, vous conduiront au trop heureux Cyrus : & je demeureray icy, à ſouffrir conſtamment la mort que Creſus me fera donner. je vous promets meſme de la recevoir aveque joye, pourveu que vous me promettiez que ma memoire ne vous ſera point en horreur : je feray encore plus (adjouſta t’il, emporté par la violence de ſon amour, & par le deſespoir où il eſtoit de voir que cette Princeſſe ne le croyoit pas) car ſi vous le voulez, je me tuëray devant que vous ſortiez de la priſon que je vous auray ouverte. Si je croyois ce que vous dittes, repliqua qua la Princeſſe, je vous dirois que ſi voſtre mort arrivoit de cette ſorte, elle me toucheroit trop : mais enfin je ne sçaurois me reſoudre à vous croire. Advoüez moy du moins, reprit il, en attendant que j’aye trouvé les moyens de vous perſuader, que ſi vous me croiyez vous diminuëriez une partie de la haine que vous avez pour moy. je dis meſme plus, adjouſta t’elle, car ſi je vous croyois, je ſerois capable d’oublier le paſſé ; de vous pardonner ; & de vous redonner mon amitié, tant je trouverois la liberté douce, & voſtre action genereuſe. Mais le mal eſt que je ne vous crois pas, & que je ne vous sçaurois croire : & qu’ainſi vous regardant comme un Prince qui me veut tromper une ſeconde fois, je vous regarde avec colere & avec haine. Qui vit jamais, s’écria t’il alors, un malheur égal au mien ! vous me dittes que vous me pardonneriez, & que vous me redonneriez voſtre amitié, ſi ce que je dis eſtoit vray : & cependant vous avez l’injuſtice de me regarder avec
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