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Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, cinquième partie, 1654.djvu/468

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ce que vous dittes ! je n’y voy touteſfois pas d’aparence, car excepté hier, j’ay touſjours eu des Lettres de Suſe, qui m’ont apris toutes choſes. Du moins, luy dit il, voux veux-je faire connoiſtre que ſi je ne vous puis rien aprendre, vous ne me devez pas auſſi reprocher de rien ignorer : en ſuitte de cela, il ſe mit à luy raconter cent choſes ; & à luy parler comme un homme qui sçavoit tout les divers intereſts des perſonnes de qualité, ſoit d’ambition, ſoit d’amour : & ils en vinrent au point Cleodore & luy (devant que la converſation finiſt) à ſe parler bas pluſieurs fois, & à me forcer de changer de place, & de parler avec la Tante de Cleodore & Hermogene : de ſorte que dés ce premier jour là, Beleſis fut en confidence avec Cleodore : qui advoüa tout haut qu’il luy avoit apris beaucoup de choſes, qu’on ne luy avoit point eſcrites. En verité (luy dit elle comme nous eſtions debout, & preſts à ſortir) je penſe qu’il y a long temps que vous eſtes caché dans Suſe : car il ne ſeroit pas poſſible que vous sçeuſſiez tout ce que vous m’avez dit, s’il n’y avoit que quinze jours que vous y fuſſiez. Je sçay meſme encore quelque choſe que vous ne sçavez pas ſans doute, reprit il ; eh de grace, repliqua Cleodore, ne vous en allez pas ſans me le dire : je le veux bien, luy dit Beleſis ; alors s’approchant de ſon oreille, n’eſt. il pas vray, luy dit il, aimable Cleodore, que vous ne sçavez pas que ſelon toutes les aparences, je vous aimeray trop pour voſtre repos & pour le mien ! Il eſt vray, repliqua t’elle tout haut en rougiſſant, que je ne sçay point ce que vous dittes : & plus vray encore que je ne crois pas que cela ſoit : ny meſme que cela puiſſe eſtre. Le temps vous l’aprendra & à moy auſſi, reſpondit Beleſis en ſe retirant ; apres