Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, cinquième partie, 1654.djvu/470

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comme elle en avoit une pour luy. Beleſis eſtant donc en converſation avec elle, le lendemain qu’il eut veû Cleodore, il la pria de vouloir luy faire voir quelque beau Jardin, aux environs de Suſe : je demanderois bien, luy dit il, cette grace à Hermogene ſeul : mais je vous advoüe que pour les promenades, je ne les trouve point agreables ſi ce n’eſt avec des Dames : c’eſt pourquoy ſi vous voulies m’obliger, vous me feriez la grace de faire quelque partie pour cela. A peine Beleſis avoit il prononcé cette derniere parole, que Cleodore entra, qui venoit viſiter Praſille : elle ne fut pas plus toſt aſſiſe, que Praſille commença de vouloir dire à Cleodore la priere que Beleſis luy venoit de faire : qui pour mieux arriver à la fin qu’il s’eſtoit propoſée, fit ſemblant de vouloir empeſcher Praſille d’achever le diſcours qu’elle avoit commencé. De grace, luy dit il, ne me rendez pas un ſi mauvais office, que de me vouloir faire encore paſſer pour Eſtranger aupres de la belle Cleodore, avec qui je ne le ſuis deſja plus : la reſiſtance que fit Beleſis, ne manqua de faire ſon effet, & de donner une envie eſtrange à cette belle Fille, de sçavoir ce que Praſille luy vouloit dire. De ſorte que la preſſant extrémement, Praſille luy dit dequoy il s’agiſſoit : la priant de luy vouloir aider à faire les honneurs de Suſe. Cleodore qui fut bien aiſe d’avoir lieu de faire un compliment à Beleſis, luy dit qu’elle eſtoit ravie de voir qu’il n’eſtoit pas comme ces voyageurs qui ne sçavent qu’à peine qui regne aux lieux où ils paſſent : & qui ſe contentent de faire des memoire des Temples qu’ils ont veûs ; des Montagnes ; des Fleuves ; & d’autres ſemblables choſes : ſans s’informer des mœurs ; des couſtumes ; & des gens qui habitent les Villes dont ils remarquent ſeulement les Ruës & :