Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, cinquième partie, 1654.djvu/471

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les Places publiques. Mais aujourd’huy, adjouſta t’elle, que je sçay que vous connoiſſez mieux les honneſtes gens de noſtre Cour, que vous ne sçavez où ſont nos Jardins, je veux bien aider à Praſille à vous les faire voir : c’eſt pourquoy ſi elle le veut, nous ferons demain une partie avec quelques Dames de nos Amies, pour aller à un des aimables lieux du monde, qui n’eſt pas trop eſloigné de noſtre Riviere. Je le veux bien, dit Praſille ; & alors convenant des Perſonnes qui en devoient eſtre, Beleſis n’eut plus autre choſe à faire qu’à conſentir à ce que ces deux aimables Filles vouloient : faiſant touteſfois touſjours ſemblant de n’eſtre point bien aiſe que Cleodore le traitaſt en Eſtranger. La choſe eſtant donc reſoluë ainſi, & le lendemain eſtant venu, Hermogene, Beleſis, & moy, fuſmes prendre les Dames qui devoient eſtre de cette promenade : & comme Cleodore eſtoit en un de ſes plus agreables jours, nous ne fuſmes pas pluſtoſt arrivez au lieu où nous voulions aller, & elle ne ſur pas pluſtoſt deſcenduë du Chariot où elle eſtoit, que tendant la main à Beleſis ; venez genereux Eſtranger, luy dit elle, venez voir les beautez de noſtre Pais, afin de les raconter au voſtre quand vous y ſerez retourné. Au nom des Dieux Madame, luy dit il, ne m’apellez point ainſi : il faut bien que je vous y nomme du moins aujourd’huy, reprit elle en riant, puis que je vay vous faire voir mille choſes que vous n’avez point veuës : & que-vous eſtes preſentement en un lieu où vous n’avez nulle habitude. Je conſens donc, luy dit il, d’eſtre encore Eſtranger pour vous, juſques à la fin de la promenade : je le veux, repliqua t’elle, & alors faiſant entrer Beleſis dans le Jardin qu’on vouloit luy faire voir, elle ſe mit à luy en faire