de mort de ſa bouche : je la priay de vouloir luy en faire naiſtre l’occaſion, mais elle me reſpondit qu’elle ne le feroit pas : je connus pourtant ce me ſembla, que ſi je cherchois les voyes de la tromper, & de luy faire voir Beleſis, qu’elle me le pardonneroit. De ſorte que croyant avancer le bonheur d’Hermogene, en avançant le départ de Beleſis, qui ne pouvoit ſe refondre a quitter Suſe, qu’il n’euſt parlé à Cleodore : je fis ſi bien que le lendemain que je l’eus entretenuê, j’occupay Hermogene en quelque affaire, & je fis qu’une de mes Parentes mena Cleodore(ſans qu’elle sçeuſt où on la menoit) dans un Palais nouvellement baſty, que tout le monde alloit voir, & qui n’eſtoit pas encore habité. Beleſis qui eſtoit inſtruit de la choſe, ne manqua pas de s’y trouver ; ſi bien que ma Parente que sçavoit toute l’affairé dont il s’agiſſoit, la conduiſit avec tant d’adreſſe, que laiſſant les Femmes qui les ſuivoient dans une Gallerie, elle la mena dans une Chambre, & de cette Chambre dans un Cabinet, où Beleſis attendoit Cleodore. Elle ne le vit pas pluſtoſt, qu’elle voulut en reſſortir : mais s’eſtant jetté à genoux, & l’ayant retenuë par ſa robe ; au nom des Dieux Madame, luy dit il, donnez moy une heure d’audiance, je vous en conjure ; c’eſt pour cela que cette charitable Perſonne qui vous a amenée icy, vous a conduite dans ce Cabinet : ſouffrez donc que je vous demande pardon, & que je vous le demande avec des larmes. Pourveû qu’elle me permette de vous refuſer tout ce que vous me demanderez, luy dit elle, je conſentiray de vous eſcouter. Mais ſi je vous demande la mort, luy dit il, me la refuſerez vous auſſi ? Je vous la refuſeray ſans doute, repliqua t’elle, non ſeulement parce que le ſuplice que vous meritez, ne ſeroit pas aſſez
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