alors. Vous fiſtes de ſi belles choſes, reprit modeſtement Cyrus, que ſi la Fortune n’euſt eſté voſtre Ennemie, Ciaxare ne vous euſt pas vaincu : c’eſt pourquoy l’eſpere plus aujourd’huy en voſtre valeur qu’en la mienne. Comme ils en eſtoient la, Mazare s’eſtant joint à eux, auſſi bien que Tigrane, Phraarte, Anaxaris, Gobrias, Gadate, & tous les volontaires ; il commanda que toute l’Armée commençaſt de marcher : & il marcha en effet luy meſme à la teſte de ſon Avant-garde, avec le Roy d’Aſſirie, auquel il donna la droite, & auquel il offrit meſme le commandement : Hidaſpe commandant le corps de la Bataille où eſtoient tous les Homotimes : le Roy de Phrigie & le Roy d’Aſſirie l’Arriere-garde : & Abradate tous les Chariots de guerre, qui faiſoient un corps ſeparé avec les Tours & les Machines pendant cette marche. Cyrus commençant donc d’avancer, apres avoir envoyé long temps auparavant des Coureurs pour aprendre des nouvelles des Ennemis, donna le branle à tout ce grand corps d’Armée, qui ſembloit n’avoit qu’un eſprit qui la conduiſiſt & qui animaſt toutes ſes parties, tant il ſe remüoit avec ordre. Creſus de ſon coſté, auſſi bien que le Roy de Pont, ſe preparoit à un combat general, n’oublioit rien de tout ce qui pouvoit luy faire obtenir la victoire : il eſt vray qu’il y avoit une notable difference, entre ces deux Armées : car ſi l’eſperance eſtoit dans celle de Cyrus, la terreur eſtoit dans celle du Roy de Lydie. Ce n’eſt pas qu’elle ne fuſt beaucoup plus nombreuſe que l’autre ; à cauſe de ce grand nombre d’Egiptiens qui y eſtoient venus, & du ſecours que le Prince de Miſie, & Arinaſpe y avoient amené. Mais le Nom de Cyrus eſtoit ſi redoutable par tout, que dés que l’on sçeut au Camp de Creſus que ce
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