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Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, cinquième partie, 1654.djvu/82

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entendu que les dernieres paroles de la Princeſſe) mais apres que Doraliſe luy eut dit le ſujet de la conteſtation, il jugea bien que la liberalité d’Abradate, & l’avarice de Mexaris, avoient cauſé cette diſpute : de ſorte qu’il fit tout ce qu’il pût, pour n’eſtre pas juge d’un different où il avoit un intereſt caché, qu’il craignoit de deſcouvrir. Mais quoy qu’il pûſt dire, la Princeſſe voulut eſtre obeïe ; & il falut qu’il promiſt qu’il jugeroit ſans complaiſance aucune en cette occaſion : & certes il ne tint pas mal ſa parole, comme vous le sçaurez bien toſt. Apres avoir donc arreſté leurs conditions, la Princeſſe dit à Doraliſe que c’eſtoit à elle à dire toutes ſes raiſons : ce ſera bien aſſez Madame, repliqua t’elle, que je die ſeulement une partie des plus fortes, que vous pourrez me diſputer ſi bon vous ſemble, & meſme m’interrompre quand vous voudrez : car je péſe que c’eſt une merveilleuſe commodité que d’eſtre ſouvent interrompu, quand on ne parle pas facilement. Quoy que vous n’ayez pas beſoin de ce ſecours, reprit Perinthe, vous l’allez deſja recevoir ; car il me ſemble que je voy le Prince Mexaris, & ſi je ne me trompe, le Prince Abradate : & en effet ils entrerent l’un & l’autre. Mais quoy que la Princeſſe fiſt ſigne à Doraliſe qu’il faloit changer de converſation, cette malicieuſe Fille fit ſemblant d’entendre au contraire, qu’il faloit qu’elle la continuaſt : de ſorte qu’à peine Mexaris & Abradate furent ils entrez, que Doraliſe avec ſon enjouëment ordinaire, ſe plaignit de ce qu’ils l’avoient empeſchée d’avoir la gloire de vaincre la Princeſſe Et pour moy, adjouſta t’elle, je ne sçay pas comment Perinthe ne murmure pas comme je fais, de ce que vous le privez du plus grand honneur