facilité que celuy qui eſt liberal a à faire des preſens ne le peut-eſtre. Je ne sçaurois vous accorder ce que vous dittes, repliqua la Princeſſe, parce qu’à parler raiſonnablement, je ſuis perſuadée qu’un avare n’aime rien que ſes Threſors : & qu’ainſi je ne luy puis jamais eſtre obligée. Prononcez donc (dit Doraliſe parlant à Perinthe) car pour moy je ſuis ſi laſſe de ſoustenir une mauvaiſe cauſe, que j’aime mieux la perdre que de dire plus long temps de mauvaiſes raiſons. Puis que par ce que vous dittes, il paroiſt que vous eſtes de meſme ſentiment que la Princeſſe, reſpondit Perinthe, il n’y a point d’Arreſt à prononcer. Ne laiſſez pas de le faire, repliqua Panthée, car j’aimeray mieux devoir le gain de ma cauſe à l’equité de mon Juge, qu’à la foibleſſe de ma Partie. Si vous me l’ordonnez (luy dit il pour favoriſer Mexaris) je vous condamneray toutes deux ; Doraliſe, pour avoir mal deffendu une bonne cauſe : & vous, Madame, de ce que vous voulez qu’un homme qui fait tout ce qu’il peut, perde abſolument le merite du peu qu’il donne, & qn’il luy couſte plus que ce que donne le liberal. Je declare donc, que pour agir juſtement, on peut quelquefois juger favorablement de la grandeur de l’affection de celuy qui donne peu : & que tres ſouvent auſſi, il n’eſt pas à propos de proportionner ſa reconnoiſſance, à la richeſſe du preſent qu’on reçoit : puis que ſi celuy de qui nous le recevons, ne le fait que pour ſa propre gloire, nous ne luy en devons pas sçavoir autant de gré, qu’à celuy qui ne donne aſſurément que pour l’amour de nous, & qui ſe combat luy meſme pour nous donner. l’advoüe Perinthe (dit la Princeſſe, apres qu’il eut ceſſé de parler) que je ne croyois pas que vous me deuſſiez condamner : ſi vous ne m’aviez pas commandé, repliqua t’il, de n’avoir point de complaiſance, je n’en aurois pas uſé ainſi ; & j’
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