Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, première partie, 1654.djvu/127

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Medie : que ce fut luy qui fit de si belles Loix ; qui bastit la superbe Ville d’Ecbatane ; & qui remit enfin sous son obeïssance, tous les Estats de ses Devanciers ; qui comprennent, comme vous ne l’ignorez pas, les Brusses ; les Paretacenes ; les Struchates ; les Arisantins ; & les Budiens. Apres Dejoce, qui regna cinquante trois ans, Phraorte son fils posseda sa Couronne, & fut aussi paisible dans son Royaume, que si les Rois d’Assirie ne l’eussent jamais usurpé. Mais non content de se revoir sur le Throsne de ses Peres, il fut faire la guerre aux Persans : qui apres une paix de plus d’un Siecle, dont ils avoient joüy, se trouverent surpris par des gens aguerris, & desja accoustumez à vaincre. Si bien que pour empescher la desolation entiere de leur Païs, ils firent alliance avec eux : & convindrent que la Couvronne de Perse & celle de Medie, n’auroient plus d’interests se parez : & que toutes les fois que Phraorte auroit besoin de leur assistance, ils seroient obligez de la luy donner. Voila Seigneur, quelle fut la premiere liaison des Medes avec les Persans. Je ne m’arreste point à vous dire, comment Phraorte qui estoit ambitieux, ayant voulu declarer la guerre au Roy d’Assirie, qui le laissoit paisible dans ses Estats ; perit en cette entreprise, en assiegeant la Ville de Ninos ; apres avoir regné vint & deux ans : ny comment apres sa mort, Ciaxare son Fils, & premier de ce Nom parmy les Rois des Medes parvint à la Couronne : ny comment ce Prince fut tantost mal-traité de la Fortune, & tantost favorisé. Car vous n’ignorez pas, que donnant une Bataille contre les Lydiens qu’il estoit prest de gagner ; il s’espandit tout d’un coup, sur toutes les deux Armées, des tenebres si espaisses, qu’il luy