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Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, première partie, 1654.djvu/149

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il s’en fit craindre, aimer, & obeïr, comme s’il eust esté leur Maistre : & qu’ayant puny un de ces Enfans, qu’il appelloit ses subjets, pour une faute qu’il avoit commise ; le Pere de cét enfant qui se trouva estre un Officier de la Maison du Roy, ayant sçeu la chose ; & ayant admiré ce jeune Berger, qui faisoit si bien le Prince : avoit redit a Astiage ce qu’il avoit veû, comme une chose extraordinaire : luy vantant infiniment, la beauté, & la hardiesse de cét Enfant, qu’il luy dépeignoit miraculeuses. Que le Roy l’ayant fait venir, pour rendre raison de la punition qu’il avoit faite ; il luy avoit respondu si admirablement, qu’il en avoit esté surpris : voyant qu’il ne parloit pas moins en Roy avec un Roy, qu’avec les enfans qui l’avoient esleu. Qu’apres, Astiage avoit esté fort estonné de voir, que ce Fils de Berger ressembloit si fort à Mandane sa Fille, que rien n’a jamais esté plus semblable : & que de plus, il sentoit des mouvemens en son cœur, qui l’advertissoient de ce qu’il estoit. Enfin, Seigneur, vous sçavez qu’Astiage fit venir le Berger dans son Cabinet : & que luy ayant demandé, où il avoit pris cét Enfant ? d’un ton qui l’espouvanta, & qui luy fit croire que le Roy sçavoit la chose ; Mitradate demeura interdit : & qu’ayant esté menacé par Astiage, il l’advoüa, telle qu’elle s’estoit passée. Qu’en suitte le Roy qui malgré ses frayeurs, se sentoit forcé d’aimer cét aymable Enfant, ayant assemblé tous les Mages ; ils trouverent, soit que ce fust leur veritable sentiment ; soit que la pitié les obligeast à le déguiser ; que cette Royauté dont il avoit joüy sur tous ses compagnons, estoit assurément une marque infaillible, que les Dieux avoient exaucé ses prieres : que toute la domination de ce jeune