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Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, première partie, 1654.djvu/150

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Prince sur les Medes, seroit bornée à celle qu’il avoit euë sur ces sujets volontaires : & qu’ainsi il n’avoit plus rien à craindre de ce costé là. Que les cas fortuit ayant fait, que les Bergers, Peres de ces Enfans, fussent presque de toutes les Provinces de l’Asie ; les Astres n’eussent pû marquer plus precisément les conquestes innocentes, d’un Vainqueur si noble & si jeune. Que les Dieux se plaisoient quelquesfois, à menacer les grands Princes, de peur qu’il n’oubliassent le respect qu’ils leur devoient : & qu’enfin s’il suivoit leur advis, il renvoyeroit ce jeune Prince au Roy de Perse son Pere. Astiage qui avoit effectivement conçeu quelque amitié pour cét Enfant, fut bien aise qu’on le conseillast de cette sorte : & comme il déferoit beaucoup aux Mages ; & que son ame estoit un peu foible ; il crût tout de bon que cette Royauté imaginaire, estoit la veritable explication de son mauvais songe : comme en effet, l’estat où nous voyons le malheureux Artamene aujourd’huy, nous fait bien voir, qu’Astiage n’avoit pas raison de craindre Cyrus. Cependant, en laissant vivre ce jeune Prince, qu’il nomma ainsi, il ne pardonna pas à Harpage : car il le bannit de sa Cour : & cét homme qui n’avoit pû se determiner à estre absolument pitoyable, ou absolument cruel ; se vit sans suport & sans refuge, contraint d’endurer la rigueur d’un long exil. Cependant (comme vous ne l’ignorez pas) Astiage renvoya Cyrus à Cambise : luy escrivant, que pour éviter certaines constrellations malignes, qui menaçoient cét Enfant ; il avoit esté contraint de luy causer durant quelque temps, le desplaisir de le croire mort : mais que cette douleur seroit changée en une joye qui le recompenseroit au couble, par la satisfaction qu’il auroit, de se