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Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, première partie, 1654.djvu/151

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voir un fils, si bien fait & si aimable. Tanty a, Seigneur, que Cambise le reçeut avec un plaisir inconcevable : & que Mandane toute sage & toute genereuse, en fit un remerciment aussi tendre à Astiage, que si jamais elle n’eust reçeu aucun sujet de plainte de luy : quoy qu’elle eust sçeu la verité de la chose, par Harpage qui l’en advertit : croyant du moins par là, s’assurer de sa protection. Comme en effet, Mandane luy sçeut bon gré, de ne l’avoir pas laissée dans l’opinion qu’Astiage fust aussi innocent qu’il tesmoignoit l’estre : parce que la connoissance du passé, la feroit precautionner pour l’advenir. Cependant voicy le jeune Cyrus dans Persepolis : pour lequel l’on fit des Sacrifices publics & particuliers dans toute la Perse : & pour lequel tout ce qui se trouva de grands hommes en tout le Royaume, fut employé à son education. Ciaxare ayant sçeu la chose telle qu’elle estoit, envoya se resjoüir avec Cambise & avec la Reine sa Sœur, de la joye qu’il avoient reçeuë, & escrivit mesme à la Reine, d’une maniere assez galante, qu’il souhaittoit, que la jeune Mandane sa Fille, peust un jour se rendre digne d’estre Maistresse de Cyrus : de qui on luy avoit parlé si advantageusement : car le Roy de Capadoce avoit eu cette jeune Princesse, trois ans apres la naissance de Cyrus, & luy avoit fait donner le Nom de sa Sœur.

Maintenant, Seigneur, de vous dire de quelle façon le jeune Cyrus fut eslevé, ce seroit abuser de vostre patience : & les grandes choses qu’il a faites depuis montrent assez qu’il faut qu’il ait appris de bonne heure à pratiquer la Vertu. Je vous diray donc seulement, que le Roy & la Reine n’eurent plus d’autres pensées, que celles de tascher de cultiver avec