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Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, première partie, 1654.djvu/223

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ne fut ce pas tant par ces paroles, que par le ton de sa voix, que je remarquay que la rencontre de ce jeune Estranger ne luy plaisoit pas. Il faut sans doute, luy dit il en l’abordant, que vous soyez bien devot ou bien curieux, puis que vous estes si diligent, à venir voir une Ceremonie, où à mon advis vous n’avez pas grand interest : & qui n’aura pas la grace de la nouveauté pour vous, puis que vous en avez desja veû une autre. Comme vous n’avez esté gueres plus paresseux que moy, respondit ce jeune Estranger, je pourrois vous dire ce que vous me dites : mais j’aime mieux vous advoüer, que je vy de si belles choses dans ce Temple, le premier jour que nous nous y rencontrasmes, que je n’ay pû m’empescher d’y revenir. Je voudrois bien sçavoir (luy repliqua Artamene, avec assez de precipitation) ce que vous trouvastes le plus beau en cette Ceremonie : fut-ce les ornemens du Temple, l’abondance des Victimes ; la richesse des Vazes sacrez ; tout ce que firent les Mages ; l’affluence du Peuple ; la Majesté du Prince ; la magnificence de sa Cour ; ou la beauté de la Princesse ? Ce furent toutes ces choses ensemble, respondit cét agreable Inconnu ; & si je ne me trompe, adjousta t’il en rougissant, vous vous connoissez assez bien en belles Ceremonies, pour deviner facilement ce qu’un homme qui s’y connoist aussi un peu, doit avoir trouvé le plus beau, en celle dont vous parlez. Comme nous ne sommes sans doute pas de mesme Païs, repliqua mon Maistre, nos inclinations peuvent estre differentes : ainsi ce qui seroit beau pour moy, ne le seroit pas pour vous. Les Persans ne veulent point de Temples ; les Scithes ne bastissent point de Maisons ; les Grecs s’immortalisent