Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, première partie, 1654.djvu/245

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C I A X A R E   R O Y
D E   C A P A D O C E
E T   D E   G A L A T I E,


A   L A   P R I N C E S S E
M A N D A N E   S A   F I L L E


Celuy qui vous rendra ma Lettre m’ayant sauvé la vie, j’ay creû ne pouvoir vous apprendre plus agreablement le peril dont je suis échapé, que par la mesme Personne qui me l’a fait éviter. Et j’ay pensé ne pouvoir employer un moyen plus puissant, pour l’arrester aupres de nous, que les prieres que je sçay que vous luy en ferez. Toutefois, comme je connois sa modestie, j’envoye Arbace avec luy, pour vous dire, ce que peut-estre il ne vous dira pas : m’imaginant assez aisément, qu’il vous entretiendra plus, de la valeur d’autruy que de la sienne. Mais enfin il m’a sauvé la vie : & il auroit vaincu tous mes Ennemis, si la nuit ne les eust dérobez à sa poursuite. Priez les Dieux, que tous mes Capitaines luy ressemblent : & ne pouvant en faire mon Sujet, taschez du moins d’en faire mon Amy.

CIAXARE.