Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, première partie, 1654.djvu/273

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deux autres ; & redonna une nouvelle vigueur à Artamene : si bien que changeant alors la façon de combattre qu’il avoit esté contraint de prendre, quand il estoit seul contre trois ; il commença de presser & de charger les deux qui restoient, avec tant de precipitation ; que l’un ayant pensé tomber, à cause d’un Bouclier qu’il avoit rencontré sous ses pieds ; Artamene prenant ce temps, déchargea un si grand coup sur la teste de l’autre, qu’il le renversa mort à l’instant. C’est maintenant (s’escria alors Artamene en haussant l’espée, & se tournant vers celuy qui restoit encore) que la veritable valeur decidera nostre combat, sans que la Fortune s’en mesle : & sans que personne partage la gloire du Vainqueur. En disant cela, il marcha comme un Lion, contre ce dernier Adversaire, qui le reçeut avec une fermeté, qui n’estoit pas d’une Ame commune. Voila donc enfin Artamene en estat de n’avoir plus qu’un Ennemy à combattre : Mais certes c’estoit un Ennemy qui n’estoit pas des moins redoutables : & l’on eust dit que la Fortune l’avoit choisi exprés, pour faire qu’Artamene achetast cette Victoire bien cher. Ces deux vaillans Guerriers se voyant seuls à soustenir toute la gloire de leur Party, furent un temps à se regarder, comme pour reprendre haleine : & se voyant tous couverts de sang, & au milieu d’un Champ tout couvert de morts, il est à croire que la Victoire ne leur aparut pas avec tous ses charmes : & que si chacun d’eux dans son cœur eut de l’esperance, il eut aussi de la crainte de ne la remporter pas. Cependant le combat se recommença, entre ces deux vaillans hommes : Mais avec tant d’ardeur & tant de courage, qu’il ne s’est jamais rien veû de semblable. Celuy qui combattoit contre Artamene, estoit un