de luy. En suitte dequoy, foible & las qu’il estoit, de ce glorieux travail, il se coucha à demy, le bras gauche appuyé sur son Bouclier ; & tenant tousjours son espée de la main droite : comme pour deffendre le Trophée qu’il avoit eslevé, & le Monument de sa Victoire. En cét estat là, un peu plus en repos qu’auparavant, il m’a dit depuis, qu’il donna toutes ses pensées à sa Princesse : & que dans l’esperance qu’il eut, qu’elle n’ignoreroit peut-estre pas l’avantage qu’il avoit remporté, la mort luy parut douce & agreable. Il eust pourtant bien voulu la voir encore une fois apres avoir vaincu : s’imaginant que s’il eust pû avoir ce bonheur, il n’auroit plus rien eu à desirer.
Cependant Artane qui estoit allé annoncer son faux Triomphe, mit la joye dans le cœur de tous ceux de son Party : & principalement dans celuy du Roy de Pont : qui quoy qu’il n’aimast pas trop Artane, ne laissa pas d’estre bien aise de recevoir une si agreable nouvelle par luy. Les Ostages qui suivant l’accord estoient avec le Roy de Pont, en furent sensiblement affligez : & furent advertir leur Maistre de ce qui estoit arrivé, afin que les autres ostages fussent rendus, & que ces deux Princes chacun de leur costé, se rendissent au champ de Bataille avec deux mille hommes seulement, comme ils en estoient convenus. Ciaxare & la Princesse Mandane, estoient en une inquietude estrangge : car ne voyant revenir personne de leur Party, il y avoit grande apparence, que les choses n’alloient pas bien. Mais enfin ayant esté tirez de ce doute par le retour de ces Ostages ; ce qui n’estoit qu’une simple inquietude, devint à l’instant une douleur effective. Neantmoins pour