Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, première partie, 1654.djvu/287

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de ce qui fut dit en un Playdoyé ſi remarquable ; dont la cauſe eſtoit ſi extraordinaire ; dont les Juges eſtoient ſubjets de ceux qui devoient eſtre jugez ; & qui par conſequent donne tant de curioſité à ceux qui l’ignorent.

Puis que vous voulez, Seigneur, reprit Chriſante, je vous en rapporteray tout ce que ma memoire en aura pû conſerver. Je vous ay, ce me ſemble, deſja dit pourſuivit il, que le premier qui parla fut Artane : qui apres avoir fait une profonde reverence aux Rois & aux Juges, commença ſon diſcours, à peu prés de cette ſorte.


HARANGUE
D’ARTANE.


Comme il ne s’agit fus de nu gloire particuliere en cette occaſion, je ne m’arreſteray point à exagérer a mes luges, tout ce que je fis au combat où je me trouvay ; & ce ſera bien aſſez ſi je leur montre ſeulement, que c’eſt mon Party qui a, vaincu, & qui doit joüir du fruit de la Victoire. Je penſe, ſi je ne me trompe, que l’on ne peut pas mettre en doute, que ſi j’ay vaincu : c’eſt pourquoy le plus important pour la juſtice de ma Cauſe ; eſt de faire voir par des conjectures tres preſſantes, puis que tous les teſmoins