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Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, première partie, 1654.djvu/288

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de mes actions ſont morts ; que ſi j’ay paru ſans bleſſures à la fin du combat ; c’a eſté par une grace toute particuliere que les Dieux m’ont faite, & non pas par ma laſcheté. Imaginez, vous, ô mes Juges, quelle apparence il y a, qu’un combat de cette nature, ſe faiſant dans vue Plaine toute deſcouverte, je puſſe avoir ozé entreprendre, de fuir & de me cacher. N’y euſt il pas eu, plus de peril à cette fuitte qu’à combattre ; puis que ſi elle euſt eſté apperçeuë des Ennemis, j’aurois infailliblement eſté pourſuivy ? & que ſi elle l’euſt eſté des Amis, j’eſtois expoſé à leur vangeance ; & à toutes les punitions d’un laſche Deſerteur, qui trahit ſon Roy & ſa Patrie ? Ainſi j’euſſe attiré contre moy, les Amis ou les Ennemis, ou peut eſtre tous les deux enſemble : & je me fuſſe jetté dans un danger bien plus grand, que ſi je fuſſe demeure parmy ceux qui combatoient. Au reſte, Seigneur, vous ſcavez que l on n’a forcé perſonne de ſe trouver en ce combat : de ſorte qu’il eſt ce me ſemble à croire, que ſi je ne me fuſſe pas ſenti le cœur de m’expoſer à une ſemblable occaſion, je ne m’y ſerois pas engagé. Tout le Pont, & toute la Bithinie n’ont pas combatu en cette journée : & tous les braves gens de l’un & de l’autre Royaume, n’ont pas eſté employez en cette action : Si bien qu’il m’euſt eſté aiſé de faire ſans honte, ce que cent mille autres ont fait. J’eûſſe pû comme eux teſmoigner de deſirer le combat, & pourtant ne combatre point : Enfin comme la peur eſt ingenieuſe, elle auroit en aſſez d’adreſſe, pour me