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Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, première partie, 1654.djvu/333

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Ennemis. Il fut donc apprendre à Mandane, ce que le Heraut du Roy de Pont estoit venu faire ; & ce qu’Artamene avoit fait : nous avons sçeu apres par une Fille que la Princesse aimoit beaucoup, & avec laquelle Feraulas à eu depuis une amitié assez particuliere ; qu’elle changea de couleur à ce discours ; qu’elle en parut inquietée ; & qu’elle loüa veritablement : mais ce fut d’une maniere, où il parut de l’envie & de la jalousie : j’entens toutefois de cette envie & de cette jalousie ambitieuse, qui est inseparable de ceux qui aspirent à la Fortune, & à la haute reputation : car pour celle que l’amour peut inspirer, comme Artamene n’eut que de legers soubçons, que Philidaspe fust amoureux de la Princesse ; je pense que Philidaspe non plus, n’en soubçonna guere Artamene. Cependant ils agissoient tous deux, comme s’ils eussent sçeu l’un & l’autre, qu’ils l’aimoient également ; & qu’ils estoient possedez d’une mesme passion : la Princesse de son costé, ne les croyoit amoureux que de la gloire : & ne pensoit avoir nulle part, en leur haine ny en leur amitié. Ciaxare les aimoit sans doute beaucoup tous deux, parce qu’en effet ils le meritoient : mais avec cette difference, qu’il se sentoit forcé par une puissante inclination, à preferer Artamene à Philidaspe : quand mesme il ne luy eust pas eu plus d’obligation qu’à l’autre. Bien est-il vray que Philidaspe aussi estoit appuyé d’Aribée : lequel voulant s’opposer à la faveur naissante d’Artamene, croyoit ne le pouvoir mieux faire, que par ce jeune Estranger, qui aussi bien que mon Maistre avoit la grace de la nouveauté,