n’en a pourtant pas esté ainsi en mon cœur : & cette regle generale, a eu son exception en luy, comme toutes les autres regles en ont : puis que lors que l’amour s’en empara, il en bannit l’ambition ; il luy osta le desir de la gloire ; & ne luy laissa plus de sentiment, que pour la jalousie & pour la douleur. Je ne m’arresteray point, Seigneur, à vous dire que je suis de l’illustre Race du fameux Aglatidas dont je porte le nom ; qui fit de si de belles choses, sous le regne de Phraorte, aux guerres qu’il eut en Perse, en Medie, & en Assirie ; car peut-estre ne l’ignorez vous pas. Mais je vous diray seulement, que depuis cela, ceux de ma Maison ont tousjours tenu aupres de nos Rois, un des rangs le plus considerable, apres les Princes de leur sang. J’estois donc nay, Seigneur, d’une condition assez relevée : & j’ose dire que toutes mes inclinations n’estoient pas indignes de ma naissance. J’avois un Pere qui eut sans doute beaucoup de soin de mon education : & si l’amour n’eust pas empesché l’effet de ce qu’il attendoit de moy, je serois peut-estre encore aujourd’huy beaucoup au dessus de ce que je suis. Je n’eus donc pas plustost attaint ma dix-septiesme année, que voyant la paix par toute la Medie ; & voulant pourtant acquerir quelque estime ; je fus chez le Roy des Saces, Pere du Prince Mazare ; qui a fait naufrage, & qui à pery ces jours passez, qui avoit guerre avec un Prince de ses voisins : où j’ose dire qu’en fort peu de temps, j’aquis quelque reputation. Mais comme cette guerre fut bien tost terminé ; & que la paix estoit alors par toute l’Asie ; je fus contraint apres avoir esté deux ans ou parmy les Saces, ou en mes voyages, de m’en retourner à Ecbatane : qui comme vous sçavez, est une des plus belles,
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