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Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, première partie, 1654.djvu/464

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Ce fut de cette sorte Seigneur, que cette sage & adroite Personne, se delivra de ma persecution : & qu’elle me guerit un peu de mon bizarre chagrin : Car il me sembla que de la façon dont elle m’avoit dit ces dernieres paroles : je pouvois les expliquer favorablement pour moy. Je me trouvay donc heureux : & si Arbate eust esté à Ecbatane, il me sembloit que je n’eusse rien eu à souhaiter. Cependant comme les personnes de condition, ne se marient jamais en Medie, sans le consentement du Roy ; Artambare & mon Pere tinrent encore la chose secrette durant quelques jours, afin de prendre leur temps à propos, pour la faire agreer à Astiage. Mais Seigneur, que ces jours furent heureux pour Aglatidas ! & quelles douceurs ne trouva-t’il point, en la conversation d’Amestris ! Car comme cette sage Fille avoit enfin reçeu un commandement de son Pere, de me regarder comme celuy qu’elle devoit espouser ; je trouvay dans son ame tant de complaisance ; & il me sembla y remarquer tant de tendresse pour moy ; que je puis dire que je fus pleinement recompensé par ces bien-heureux momens, de tous les maux que j’avois souffers. Elle ne voulut pourtant jamais m’advoüer, qu’elle m’eust aimé, ny qu’elle m’aimast : Mais en me permettant d’esperer, que cela pourroit estre un jour ; elle m’en dit assez pour me faire croire qu’elle ne me haïssoit pas. Artambare & mon Pere ayant alors trouvé l’occasion qu’ils attendoient, parlerent de nostre mariage au Roy, qui y consentit sans peine : parce qu’il ne sçavoit pas que Megabise qui avoit l’honneur de luy apartenir songeast à espouser Amestris. Le consentement d’Astiage ne fut pas plustost obtenu, que la chose fut sçeuë de toute la Cour : Megabise en estant