Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, seconde partie, 1654.djvu/183

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elle vouloit pour son repos qu’il l’oubliast ; mais elle vouloit tousjours qu’il partist. Comme les choses en estoient là, & qu’Artamene estoit chez la Princesse ; Ciaxare l’envoya querir : d’abord elle eut peur que ce ne fust qu’il eust descouvert tout de bon, quelque chose de la verité : & que ce ne fust en effet, pour arrester Artamene, qu’il recevoit cét ordre d’aller chez le Roy. Car ce matin là, Araspe estoit arrivé à Themiscire, venant de la part d’Astiage : mais elle aprit bien tost apres, que le Roy n’envoyoit querir mon. Maistre, que pour luy communiquer une affaire assez importante. Car Seigneur, vous sçaurez qu’Astiage n’envoya Araspe à Ciaxare, que pour luy dire, qu’il vouloit absolument qu’il si remariast : parce que de, disoit il, dépendoit tout le repos de la Medie. Ce Prince adjoustoit, qu’il sçavoit bien, que les Capadociens ne se soucioient pas d’avoir un Roy : & qu’ils aimoient assez la Princesse Mandane, pour estre bien aises qu’elle fust leur Reine. Mais qu’il n’en estoit pas ainsi des Medes : de sorte qu’il estoit à croire, que s’il arrivoit que Cyrus entreprist quelque chose, & se monstrrast à ces Peuples ; ils pourroient se donner à luy, sans croire presque faire rien d’injuste, parce qu’il n’avoit qu’une Fille. Qu’il faloit donc songer à se donner un Successeur : que de plus, il devoit encore considerer, que l’on n’avoit sans doute entrepris d’enlever Mandane, que parce que selon les apparences, elle devoit estre Reine de plusieurs Royaumes : qu’ainsi il valoit mieux luy oster une Couronne, & la laisser avecque deux, que de l’exposer encore à de pareils accidents. Que les loix de Capadoce & de Medie estoient differentes : que les Capodociens