Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, seconde partie, 1654.djvu/199

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L’heure de l’Audience estant donc venüe, plusieurs Officiers de la Reine vinrent prendre mon Maistre, pour le conduire chez elle : où les deux Princes que je vous ay nommez, & tout ce qu’il y avoit de Grand & de beau à cette Cour, soit parmy les hommes ou parmy les Dames s’estoit rendu : pour voir cét Ambassadeur, de qui l’on disoit desja tant de choses : quoy que l’on ne peust encore juger en ce lieu la que de sa bonne mine. L’on nous fit passer dans ces superbes Tentes de Thomiris, par trois differentes Chambres richement meublées, auparavant que d’arriver au lieu où estoit la Reine : mais lors que nous entrasmes en celuy la, j’advoüe que je fus un peu surpris, & que j’eus peine à croire que je ne fusse pas plustost à Babylone, à Ecbatane, à Themiscire, à Amasie, ou à Sinope, que dans un Camp de Massagettes : tant il est vray que je ay de magnificence, & de marques de Grandeur. Tout cet Apartement estoit tendu de Pourpre Tyrienne, toute couverte de plaques d’or massif, où estoient representées en bas relief diverses actions de leurs Rois : l’on voyoit pendre au haut du Dôme de cette Chambre, cent lampes d’or, enrichies de pierreries : la Reine estoit sur un Throsne eslevé de trois marches, tout couvert de drap d’or, dont le Dais estoit aussi : l’un & l’autre estant encore orné de plusieurs plaques d’or massif. Il y avoit au pied du Throsne une petite Balustrade d’or, qui separoit la Reine de tout le reste du monde qui l’accompagnoit : toutes les Dames richement vestuës, estoient assises des deux costez de ce Throsne, sur des quarreaux de Pourpre avec de l’or ; & tous les hommes estoient debout derriere elles. Thomiris avoit ce jour là une espece de robe & de manteau à l’Egyptienne, qui semblant avoir