Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, seconde partie, 1654.djvu/439

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vous veut avoir en ſa puiſſance : c’eſt pourquoy il ſaut vous mettre en lieu de ſeureté. Seigneur, luy dit elle, m’eſtant miſe en la garde des Dieux, je dois attendre ce qu’il leur plaira ordonner de moy : & vous me ferez plaiſir de me laiſſer ſous leur conduitte. Mais enfin voyant entrer quatre ou cinq hommes armez ; jugeant bien qu’elle n’eſtoit pas en eſtat de reſister ; & ne sçachant pas en effet ſi ce que le Roy d’Aſſirie diſoit n’eſtoit point vray, elle marcha & nous la ſuivismes Arianite & moy. Elle demanda pourtant, où eſtoit le Prince Mazare ? & luy ayant eſté reſpondu qu’elle le verroit bien toſt, elle fut où on la conduiſoit ſans y apporter d’obſtacle. Nous fuſmes donc menées dans les Jardins du Palais, où effectivement Mazare nous attendoit : Mandane ne le vit pas pluſtost, que quittant la main du Roy d’Aſſirie, elle luy preſenta la ſienne : luy ſemblant qu’elle n’avoit plus rien à craindre, puis qu’il eſtoit aupres d’elle. Cependant l’on nous mena à une porte de derriere qui touche preſque une de celles de la Ville, que les troupes de Mazare gardoient : & qui eſtoient adverties de ce que l’on vouloit faire. Comme nous fuſmes preſts à ſortir de ces Jardins du Palais, qui ſont d’une grandeur prodigieuſe, nous viſmes à la faveur d’un flambeau que nous avions, que le Roy d’Aſſirie, le Prince Mazare, & dix hommes qui devoient eſtre de la partie, prirent de grandes Caſaques blanches qui les cachoient entierement : & qu’ils Ce couvrirent meſme la teſte de blanc. Cette avanture commença de nous faire ſoubçonner, que les habillemens que l’on nous avoit baillez eſtoient deſtinez à meſme uſage que ceux de ces Princes, & de ces hommes qui les accompagnoient, ſans pouvoir