Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, seconde partie, 1654.djvu/592

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Je ne sçay Seigneur, où l’on mene Policrite : mais je sçay bien que t’eſt le Prince Philoxipe qui fait ſon exil. Comme je n’auray peut-eſtre jamais l’honneur de le voir, j’ay creû que je pouvois ſans crime apprendre par cette Lettre mes veritables ſentimens, que je refuſay de luy dire, la derniere fois que je luy parlay. Il sçaura donc, que d’abord ne me croyant pas digne de ſon affection par ma naiſſance, je luy ay refuſé la mienne autant que j’ay pû : mais qu’ayant apris en ſuitte, que je ne ſuis pas de la condition dont il parois eſtres : & qu’il y a eu des Rois dans ma Race : je luy adjoüe que j’ay eu de la joye de ne pouvoir moy meſme reprocher au Prince Philoxipe, qu’il euſt une inclination trop diſproportionnée à ſa qualité : & que j’ay creû luy devoir aprendre ce que je ſuis, afin qu’il ne croye pas faire rien indigne de luy, en ſe ſouvenant quelquefois de Policrite, qui ſe ſouviendra touſjours agreablement de ſa vertu : ſoit que la Fortune luy faſſe paſſer ſa vie dans un Palais ou ſous une Cabane.

POLICRITE.