Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, troisième partie, 1654.djvu/163

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qualité, habituée en ce lieu là : dont le Chef ſe nommoit Alaſis, qui avoit une fille appellée Philiſte, que la Princeſſe des Lindes avoit menée avec elle. Cette Perſonne a ſans doute une beauté fort éclatante : Ce n’eſt pas que ce ſoit un viſage dont tous les traits ſoient regulierement beaux : mais elle eſt jeune blonde, blanche, de belle taille, de bonne mine : & comme je l’ay deſja dit, d’un fort grand eſclat, & d’un abord ſurprenant. Cette Perſonne a auſſi beaucoup d’eſprit, & de l’eſprit agreable en converſation : eſtant donc aupres d’Eumetis, lors que celuy qui portoit la Lettre de la Princeſſe Cleobuline la luy rendit : apres qu’elle l’eut veuë, elle ſe tourna vers Philiſte ; & la luy monſtrant, voyez, luy dit elle, ce que la Princeſſe de Corinthe me mande d’un de ſes Parens. Philiſte ayant leû cette Lettre, en verité, dit elle, Madame, ſi Philocles eſt fait comme il eſt dépeint, la Princeſſe Cleobuline a raiſon de l’appeller un Threſor : & vous le redemander bientoſt. Ouy, repliqua t’elle en ſousriant : mais pour le luy pouvoir rendre, il faudra que la belle Philiſte ne le retienne pas par ſes charmes, comme il y a apparence qu’elle fera, s’il eſt vray que la reſſemblance face naiſtre l’Amour. Ce diſcours eſt bien obligeant & bien flateur, reſpondit Philiſte : mais, adjouſta t’elle. Madame, il n’eſt pourtant pas tout à fait mal fondé : car ſi Philocles avoit autant d’envie de me voir, que j’en ay de le connoiſtre, ce ſeroit deſja un aſſez grand commencement d’amitié. Je vous aſſure, adjouſta t’elle, que je prevoy que ſi vous ne retournez bientoſt à ialiſſe, cette curioſité me donnera de l’inquietude. Enfin (dit elle en riant, car c’eſt une perſonne aſſez gaye) ſi Philocles reſſemble ſon