luy donner loiſir de m’interrompre) pour le plus fidele, & le plus paſſionné de vos Serviteurs : Ha Philocles, dit elle, je vous connois encore bien mieux dans la Lettre de la Princeſſe de Corinthe, que par le diſcours que vous me faites. Le Portrait dont vous me parlez, luy dis-je, eſt un Portrait flaté : & je n’ay pas deû trouver eſtrange que vous n’ayez pas creû qu’il fuſt fait pour moy. Mais le diſcours que je vous fais eſt un diſcours ſincere : j’en ſerois bien faſchée, interrompit elle aſſez fierement, & pour voſtre intereſt, & pour le mien. Vous n’avez donc qu’a vous en affliger, luy dis-je, car il n’eſt pas plus vray que vous eſtes la plus belle Perſonne du monde, qu’il eſt certain que je ſuis……… N’achevez pas dit elle, Philocles, de peur de me forcer à vous reſpondre aigrement : & ſoyez perſuadé, que puis que je ne vous ay pû connoiſtre quand je le voulois, je ne vous connoiſtray pas non plus quand vous le voudrez. Vous me connoiſtrez, luy dis-je, malgré vous en vous connoiſſant : n’eſtant pas poſſible que vous puiſſiez ignorer l’inevitable force des charmes de voſtre beauté, & de voſtre eſprit : & de quelle ſorte ils m’ont attaché à voſtre ſervice. Non Philocles, me dit elle, ne vous y trompez pas : je ne sçay jamais que ce que je veux sçavoir : mes yeux ne me montrent que ce qui me plaiſt : & ma raiſon meſme s’accommode quelqueſfois à mes deſirs, parce qu’ils ne ſont pas injuſtes : & code auſſi quelque choſe à ma volonté. Il me ſeroit peut-eſtre plus avantageux, luy dis-je froidement, que voſtre volonté cedaſt quelqueſfois à voſtre raiſon : que voulez vous que j’y face ? dit elle en riant, & que ne prenez vous le conſeil que vous me donnez, s’il eſt vray que vous en ayez beſoin ? Si ma raiſon me diſoit,
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