Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, troisième partie, 1654.djvu/21

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noirciroit ſa vie d’une tache ineffaçable. Soit donc que vous ſoyez Phrigiens, Hircaniens, Grecs, Aſſiriens, Medes, Caduſiens, Paphlagoniens, Capadociens, ou Perſans ; haſtez vous de reſoudre ce que nous avons à faire en une occaſion ſi preſſante : ou pour mieux dire encore, haſtons nous d’agir : & ne perdons pas un moment, de peur que Metrobate ne nous previenne. A peine Hidaſpe eut il achevé de parler, que tous ces Rois, tous ces Princes & tous ces Gens de qualité qui l’eſcoutoient, teſmoignerent qu’ils eſtoient reſolus d’employer les remedes les plus violens pour un ſi grand mal : & de hazarder mille fois leurs vies, pour ſauver celle de Cyrus. Ils chercherent donc dans leur eſprit, toutes les voyez imaginables de faire reüſſir leur deſſein : & dans l’ardeur du zele qui les tranſportoit, ils firent cent propoſitions differentes : & meſme quelques unes dont l’execution eſtoit impoſſible : tant il eſt vray que cét accident troubloit leur raiſon, & animoit leur courage : chacun cherchant ſeulement en cette rencontre à ſe ſignaler par le danger de l’entrepriſe. Les uns vouloient que l’on allaſt à force ouverte au Chaſteau demander Artamene : les autres que l’on joigniſt la ruſe à la force : les autres que l’on allaſt tuer Metrobate : quelques uns que l’on fiſt ſouslever le peuple : quelques autres que l’on fiſt avancer l’Armée : & tous enſemble que l’on agiſt, que l’on travaillaſt, & que l’on ſauvast Cyrus. Comme ils regardoient tous Ciaxare comme un Prince preocupé, & qu’ils eſtoient veritablement genereux ; ils ne ſongerent jamais à s’attaquer à la perſonne : mais ſeulement à tirer de ſes mains un Heros à qui il devoit toute la gloire de ſon regne, & la conqueſte de pluſieurs