Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, troisième partie, 1654.djvu/215

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dont je regrette la perte, fuſt en eſtat de me le faire endurer. Ce ſouhait eſt bien eſtrange, adjouſta Leontidas ; je ne sçay toutefois ſi ceux que j’ay faits ſouvent dans mes jalouſies, ne vous le paroiſtront point davantage. Ce n’eſt pas encore à vous à parler, intérrompit Marteſie ; & ſi vous le trouvez bon Seigneur, dit elle en regardant Cyrus, le Prince Artibie ſuivant l’ordre que vous avez approuvé, parlera devant Leontidas. Vous eſtes leur Juge, repliqua Cyrus ; & ce n’eſt qu’a vous qu’ils doivent tous obeïr : auſſi crois-je que le Prince Artibie s’y diſpose : En effet, apres avoir r’apellé en ſon eſprit toutes les funeſtes idées de la mort de ſa Maiſtresse, le viſage luy changea ; ſes yeux devinrent encore plus melancoliques qu’auparavant : & apres avoir ſoupiré deux ou trois fois, il commença ſon recit de cette ſorte.


L’AMANT EN DEUIL.

TROISIESME HISTOIRE.

Le ſouvenir des malheurs, eſt ſans doute aſſez agreable, à ceux qui ne les ſouffrent plus : & qui comme des gens échapez du naufrage, racontent les perils qu’ils ont évitez, n’eſtant plus en lieu, ny en eſtat de les pouvoir craindre. Mais le mal que je ſouffre eſtant un