Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, troisième partie, 1654.djvu/318

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fut conduit devant Ciaxare. Apres qu’il eut preſenté la Lettre dont il eſtoit chargé, qui ne ſe trouva eſtre que de creance ; & que Ciaxare ſe fut diſposé à l’entendre : Seigneur, luy dit il, j’avois ordre du Roy mon Maiſtre, de vous dire pour la juſtification d’Artamene, que j’ay sçeu eſtre Cyrus en arrivant icy ; que ce n’eſtoit point luy qui l’avoit fait échaper de ſa priſon : & qu’il n’a jamais eu aucune intelligence aveques luy, contre le ſervice qu’il vous doit. Mais puis que je le voy en liberté, il n’eſt pas neceſſaire, à mon avis, que je m’arreſte, comme j’en avois ordre, à exagerer ſon innocence de ce coſté là. Il m’avoit auſſi chargé, ſi vous le delivriez, comme je devois vous en ſupplier de ſa part, de vous declarer en ſuitte, qu’il n’a plus nulle intention de faire la guerre preſentement, qu’à ceux qui protegent le Raviſſeur de la Princeſſe Mandane. Qu’ainſi il vous offre toutes les Troupes qu’il va lever, dans la petite partie de ſes Eſtats, que le bonheur de vos armes luy a laiſſé. Il vous offre meſme ſa perſonne, ſi vous luy en accordez la ſeureté : & vous aſſure enfin, qu’il n’entre prendra plus rien Contre vous. Il m’avoit encore commandé, adjouſta t’il, de faire sçavoir, s’il eſtoit poſſible, à l’illuſtre Artamene, qu’il croyoit qu’Artaxe eſtoit celuy qui avoit envoyé ſa Lettre à Metrobate ; parce que ç’avoit eſté de la main d’Artaxe qu’il en avoit reçeu une coppie, qu’il avoit voulu faire paſſer pour original : & que pour marque de cela, il apportoit celle qu’Artaxe avoit donné au Roy ſon Naiſtre, comme eſtant d’Artamene, en effet ſe trouva eſtre eſcrite de la propre main d’Artaxe ; qui n’avoit oſé dire au Roy d’Aſſirie la fourbe qu’il avoit faite pour perdre Cyrus. Ciaxare trouvant un