Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, troisième partie, 1654.djvu/320

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n’euſſe fait avoüer au Roy d’Aſſirie, que ſi la Fortune me favoriſe en quelque choſe, ce n’eſt pas tout à fait comme une aveugle, qui départ toutes ſes faveurs ſans choix. C’eſt pourquoy je vous conjure, ſi mes prieres vous ſont cheres, de me permettre de demeurer dans les termes de nos conditions : puis qu’auſſi bien ne pourrois-je pas obtenir de moy de les rompre. Ciaxare ne ſe rendit pas d’abord : mais enfin apres avoir conſideré cette affaire, de tous les biais qu’il la pouvoit regarder ; il reſolut de ſuivre luy meſme les conditions de Cyrus : luy ſemblant que c’eſtoit aſſurer les conqueſtes qu’il luy avoit faites, que de voir dans ſon Armée le Roy d’Aſſirie vaincu. Car il sçavoit bien que ce qu’il pourroit amener de Troupes ne ſeroit pas fort conſiderable : ny en pouvoir de rien entreprendre contre luy. Il dit donc le lendemain à l’Envoyé de ce Prince, que comme preſentement les intereſts de Cyrus eſtoient les ſiens, il tiendroit tout ce qu’il luy avoit promis : & qu’ainſi il pouvoit aſſurer le Roy ſon Maiſtre, que ſa Perſonne & ſes Troupes ſeroient en ſeureté dans ſon Armée, quand il y voudroit venir ; ſans que le ſouvenir du premier enlevement de Mandane l’obligeaſt à le maltraiter : & que Cyrus enfin luy tiendroit exactement la parole qu’il luy avoit donnée. Ce qui obligeoit principalement Ciaxare à en uſer de cette façon, eſtoit qu’il croyoit pouvoir pluſtost empeſcher ce combat de Cyrus & du Roy d’Aſſirie, quand ce Prince ſeroit dans ſon Armée, que s’il fuſt demeuré dans la ſienne, ſon ennemy declaré. Joint encore que de cette ſorte, il eſtoit hors de la crainte que la Princeſſe Mandane ne retombaſt une ſeconde fois ſous la. puiſſance du Roy d’Aſſirie : &