Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, troisième partie, 1654.djvu/342

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

deux cens Chevaux ſeulement, ſe faire monſtrer ces Montagnes : & il connut en effet, qu’il eſtoit impoſſible qu’il peuſt y arriver à temps. Il prit donc alors la reſolution d’aller occuper quelque Poſte, entre ces Montagnes & l’a Ville, afin d’en empeſcher la communication : mais à peine les Troupes qu’il commanda pour ce la ſous la conduite d’Hidaſpe eurent elles marché, que les Habitans d’Artaxate redoublant encore leur frayeur, apres avoir tenu un conſeil tumultueux, trouverent plus de ſeureté à ſe rendre à un Vainqueur comme Cyrus, que d’entre prendre de reſister plus long temps à un Prince touſjours invincible. Ils envoyerent donc des Deputez vers luy, pour luy demander grace : mais avec de termes auſſi ſoumis, que s’il euſt eu deſja ſon Armée toute entiere à leurs Portes. Comme il eſtoit le plus doux Prince de la Terre, à tout ce qui ne luy reſistoit point, il ne voulut d’eux qu’un ſimple ſerment de fidelité : il ne jugea pas meſme à propos avec ſe peu de Troupes qu’il avoit, de s’engager dans cette Ville : & il ſe contenta d’occuper les deux bouts de l’Araxe, & quelques Chaſteaux mediocrement forts, qui eſtoient en divers endroits d’Artaxate ; afin que par là il oſtast tout ſecours au Roy d’Armenie, & toute communication entre la Ville & le lieu où il s’eſtoit retiré. Il continua donc le deſſein d’envoyer Hidaſpe vers le pied de ces Montagnes, avec douze cens hommes ſeulement : pour empeſcher ceux de la Campagne d’y porter des vivres. En ſuitte de quoy il ſe reſolut d’attendre que Ciaxare fuſt arrivé, auparavant que de plus rien entreprendre : & apres avoir donné tous les ordres neceſſaires, il s’en retourna au Chaſteau d’où il eſtoit parti, avec aſſez d’