Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, troisième partie, 1654.djvu/468

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ou de Couronnes, rompoit les dernieres & prenoit les autres : avec ces mots. PLUS PESANTES, MAIS PLUS GLORIEUSES. Comme il eſtoit aſſez tard lors qu’il arriva, il ne fut pas connu en entrant dans la Ville : & ce que je viens de vous dire, ne fut pas remarqué ce ſoir là. Mais à peine fut il deſcendu de cheval dans une Maiſon de ſa connoiſſance, qu’il fut au Palais où eſtoit la Reine & la Princeſſe ſa fille : car pour Arſamone, il eſtoit demeuré malade au Camp, où ces Princeſſes devoient aller le lendemain : accompagnées de la Princeſſe Iſtrine Sœur d’Intapherne, qui eſtoit alors en cette Cour. Apres que ce Chevalier ſe fut fait montrer l’Apartement d’Ariſtée : il y fut tout droit ſans faire rien dire, juſques à ce qu’il arriva à l’Anti-chambre : où il trouva un Officier de cette Princeſſe, qu’il pria de luy dire qu’il y avoit un Eſtranger qui demandoit à luy parler en particulier, pour quelque affaire importante. Cét Officier luy dit que la Reine eſtant avec elle dans ſon Cabinet, il n’oſeroit y aller : mais il le preſſa ſi fort de dire la meſme choſe à l’une & à l’autre, qu’enfin croyant que c’eſtoit quelque affaire conſiderable, il y fut, & revint un moment apres le faire entrer. Mais, Seigneur, à peine eut il fait un pas dans ce Cabinet, que la Reine ſe levant en parut ſurprise : je ſuis bien aiſe, luy dit elle, de vous voir un peu en meilleur eſtat que vous n’eſtiez, lors que je vous vis en Bithinie : & que je pris l’illuſtre Artamene, pour le malheureux Spitridate. Vous me donnez un Nom trop glorieux (repliqua le veritable Spitridate, car c’eſtoit luy effectivement,