Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, troisième partie, 1654.djvu/484

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les Troupes eſtant arrivées devant les Murailles de la Ville où nous eſtions, il en fit la reveuë, & partit ſans dire adieu à la Princeſſe : là laiſſant ſous la garde d’un Capitaine, qui eſtoit abſolument à luy. Je ne vous diray point, Seigneur, tout ce que l’on fit à ce reſte de guerre : mais je vous diray ſeulement, que Spitridate vainquit : & que le laſche Artane ayant eſté engagé malgré luy à combatre, fut mortellement bleſſé, de la propre main de Spitridate, qui le fit ſon priſonnier : ce perfide vivant ſeulement autant qu’il falut pour luy avoüer la ſupposition qu’il avoit faite de la Lettre de la Princeſſe & de la mienne. Je debris de cette Armée défaite, ſe ſauva dans la Ville où nous eſtions : ſi bien que tout ce qui eſtoit demeuré de Chefs s’aſſemblerent, & reſolurent de prendre les ordres de la Princeſſe : eſperant par là faire un Traité plus avantageux avec Spitridate. Tous ces Capitaines vinrent donc en corps la trouver dans ſa Chambre, où nous ne sçavions rien de ce qui eſtoit arrivé : parce qu’Artane avoit mené aveques luy le Garde qui nous advertiſſoit de toutes choſes, & qu’il avoit peri à la Bataille. D’abord qu’elle les vit, elle ne sçavoit que penſer de cette viſite : mais un d’eux prenant la parole, Madame, luy dit il, nous venons vous demander pardon de noſtre rebellion paſſée : nous venons vous aprendre qu’Artane a perdu la Bataille & la vie (car ils avoient sçeu ſa mort) & nous venons enfin prendre les ordres de vous, comme de la Fille & de la Sœur de nos Rois. C’eſt donc à vous, Madame, à nous dire ce qu’il vous plaiſt que nous faſſions : ſi vous voudrez vous rendre, ou ſi vous voulez que nous vous deffendions, contre le Prince Spitridate, puis que lequel que vous choiſſiez des