Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, troisième partie, 1654.djvu/518

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belle, qu’il eut la curioſité de sçavoir qui eſtoit cette Eſtrangere. Car quoy que nous nous fuſſions habillées en Armeniennes, il preſupposa bien que la Princeſſe n’eſtoit pas d’Artaxate, puis qu’il n’avoit point oüy parler de ſa beauté : De ſorte que voulant sçavoir qui elle eſtoit, & où elle demeuroit, il la fit ſuivre par un des ſiens. Celuy à qui il donna cét employ, s’en eſtant aquité adroitement ; & s’eſtant informé de nous, luy raporta que nous avions quelque deſſein caché : qu’aſſurément la Princeſſe eſtoit une Perſonne de grande qualité, quoy que nous ne le diſſions pas ; & par ce diſcours, il donna une forte envie à ce Prince, de sçavoir qui eſtoit effectivement la Princeſſe. Dans ce meſme temps, un Officier du Roy d’Armenie qui logeoit aupres de nous, ayant eſté dire à ce Prince, qu’il y avoit des gens déguiſez dans Artaxate, qui avoient quelque mauvais deſſein : comme preſques toute l’Aſie eſtoit en armes, & qu’il sçavoit bien qu’il avoit irrité le Roy des Medes, en luy refuſant le Tribut qu’il payoit à Aſtiage : pour ne rien negliger, il envoya nous demander qui nous eſtions. D’abord nous déguiſasmes la verité : mais comme nous ne fuſmes point creuës, & que la Princeſſe eut peur de ſe trouver expoſée à quelque faſcheuse avanture : elle ſe reſolut à dire les choſes comme elles eſtoient, & demanda pour cela à parler au Roy. Ce Prince ſe trouvant un peu mal, donna commiſſion au Prince Phraarte qui ſe rencontra aupres de luy, de s’éclaircir de la choſe : il vint donc voir la Princeſſe, de qui la beauté avoit fait une ſi forte impreſſion dans ſon ame. Enfin Seigneur, il vint comme je le dis, voir Araminte : Elle luy dit ſa condition : il la creût ſans difficulté ; & luy aſſura que le Roy ſon