cela, Cyrus remercia Heſionide, de la peine qu’elle avoit euë, de luy raconter les malheurs de la Princeſſe Araminte : & paſſant de la Chambre où ils eſtoient, dans le Cabinet où elle eſtoit, apres l’en avoir fait advertir ; il la ſalüa avec un redoublement de civilité extreſme. Madame, luy dit il en l’abordant, quand je vous ay viſitée, je ne connoiſſois encore que voſtre condition ; voſtre beauté ; & une partie de voſtre eſprit : mais preſentement que l’en voy toute l’eſtenduë, & que je connois de plus la Grandeur de voſtre ame ; de voſtre vertu ; & de vos infortunes ; je vous regarde avec plus de reſpect, & plus d’admiration qu’auparavant. Cette derniere choſe dont vous parlez, reſpondit elle, & qui eſt la ſeule où je puis prendre part, n’a guerre accouſtumé d’augmenter le reſpect dans l’ame des hommes : mais auſſi n’eſtes vous pas une Perſonne ordinaire : & je ne dois attendre de vous que des miracles. Vous devez attendre de tout le monde raiſonnable, reſpondit il, de la ſoumission & des ſervices : & alors pour luy faire connoiſtre qu’il avoit eſcouté le recit de ſes malheurs avec attention : il luy en repaſſa ſuccinctement les endroits les plus conſiderables pour l’en pleindre. Il luy loua meſme extrémement Spitridate : sçachant aſſez qu’il n’eſt rien de plus obligeant ny de plus ſensible, que d’entendre dire du bien de ce que l’on aime. Enfin il n’oublia rien de tout ce qu’il creut propre à conſoler cette Grande Princeſſe : de laquelle il attendoit auſſi à ſon tour, quelque ſoulagement à ſes maux, quand elle pourroit parler au Roy ſon Frere. Apres s’eſtre donc fait l’un à l’autre, mille proteſtations d’une amitié reciproque : il la quitta, & s’en alla donner les ordres neceſſaires
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