Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, troisième partie, 1654.djvu/534

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Amy. Mais (adjouſta t’il adreſſant la parole à Artabane) ne luy dittes rien d’Ameſtris qui l’afflige : car ſa propre paſſion le tourmente aſſez, ſans y joindre peut-eſtre quelque nouveau malheur. Je ſuis bien marri, Seigneur, repliqua Artabane, de ne vous pouvoir obeïr : mais en venant icy j’ay deſja dit en peu de mots à Aglatidas, que cette belle Perſonne n’eſt pas heureuſe : & je luy ay apris auſſi qu’Otane n’a pas voulu recevoir le Gouvernement de la Province des Ariſantins, que vous luy aviez fait donner. Otane, reprit Cyrus fort ſurpris, n’a pas voulu accepter une choſe ſi advantageuſe pour luy ! & par quel ſentiment en a t’il uſé ainſi ? Je n’en sçay rien Seigneur, reſpondit il, mais je sçay bien qu’il a quitté Ecbatane : & que l’on diſoit quand j’en ſuis parti, qu’il s’eſtoit venu jetter dans Artaxate : de ſorte que ſi cela eſt vray, il eſt aſſurément ſur ces Montagnes où le Roy d’Armenie s’eſt retiré. Si cela eſt, dit Cyrus à Aglatidas, il pourra eſtre que nous delivrerons Ameſtris pluſtost que Mandane : car il eſt à croire qu’Otane ayant fait une ſi laſche action, que celle de ſe jetter parmi les ennemis de ſon Prince, & de ſon Prince encore qui luy donnoit un Gouvernement tant au delà de ſon merite, il y perira & y mourra : & ſi cela eſt (adjouſta t’il en ſous-riant à demy, malgré ſa melancolie) il faudra qu’Aglatidas aille conſoler Ameſtris. Je ne sçay, reprit cét Amant affligé, ſi je ſeray jamais en eſtat de pouvoir conſoler les autres : mais je sçay bien qu’il y a longtemps que j’ay beſoin de conſolation. En ſuitte il remercia Cyrus des teſmoignages de tendreſſe qu’il luy donnoit : & apres l’avoir acconpagné juſques à l’Apartement de la Princeſſe Araminte, il s’en alla entretenir ſon cher