Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, troisième partie, 1654.djvu/568

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Logis : il ne pût s’empeſcher de dire la choſe à un homme de Milet, qu’il croyoit eſtre fort de ſes Amis, & qui luy promit de n’en point parler. Mats à peine fut il parti, que cét homme le dit à un autre, & cét autre encore à un Amy, & cét Amy encore au Chef de la Conſpiration qui ſe tramoit contre moy. Comme c’eſtoit un homme d’eſprit qui sçavoit l’eſtat des affaires de Corinthe, & qui de plus avoit sçeu par Melaſie que Periandre avoit envoyé demander conſeil de quelque affaire importante au Prince mon Pere, il entendit la choſe : & comprit aiſément qu’en rompant les Eſpics les plus eſlevez, il avoit voulu dire qu’il faloit abaiſſer tous les Grands d’un Eſtat, dés qu’ils penſoient aller un peu au delà de leur condition. De ſorte que cette maxime que l’on conſeilloit à Periandre, ne s’executaſt ſur luy meſme, ſi le Prince de Milet venoit à deſcouvrir ce qu’il tramoit dans la Ville, il dit à ceux de ſon Parti, qu’il faloit aller plus loing, & agir plus promptement qu’ils n’en avoient eu deſſein. Il leur falut pourtant du temps, auparavant que de pouvoir faire reüſſir la reſolution qu’ils prirent ;  : ſi bien que j’eus encore le loiſir d’aller à cette guerre où Leontidas ſervit Polycrate, & dont il vous parla dans ſon recit à Sinope. Mais durant mon abſence, Anthemius (ce Chef des Conjurez ſe nommoit ainſi) mena la choſe avec tant d’adreſſe, qu’il porta l’eſprit de Melaſie à trouver meſme la vie du Prince mon Pere trop longue. Car comme les vices d’Alexideſme augmentoient tous les jours, ce Prince commençoit de faire quelque difference de luy à moy : ſi bien que Philodice qui voyoit que ſa Fille eſtoit tres malheureuſe quant à la perſonne de ſon Mary, & qu’elle ne pouvoit trouver de ſoulagement que