Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, troisième partie, 1654.djvu/58

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

bonne fortune, vous a aſſujettis : & qui par ce que j’euſſe fait, n’euſſent plus eſté tributaires. Le Roy de Phrigie prenant lors la parole auſſi bien que celuy d’Hircanie, dirent qu’il faloit l’obliger à parler plus preciſément de cette méchante action : mais luy ſans s’en faire preſſer davantage ; & jugeant bien qu’il n’y avoit point d’eſperance de vie pour luy, quand meſme il pourroit échaper de ſes bleſſures : dit qu’il ne faloit point chercher d’autre autheur de la conſpiration que luy : & que pour ſes complices ils eſtoient tous morts. Que ſe voyant perdu, lors qu’il avoit apris que Cyrus eſtoit ſorti de ſa priſon, il en eſtoit ſorti auſſi : que comme il n’avoit jamais agi que par ambition ; il avoit bien jugé que ſa fortune eſtoit ruinée, puis que Cyrus eſtoit libre : & qu’il avoit penſé ne pouvoir manquer d’obtenir une grande recompence du Roy d’Aſſirie, s’il luy oſtoit tout à la fois celuy qui poſſedoit ſon Eſtat ; celuy qui l’avoit conquis ; & celuy qui pouvoit luy diſputer la Princeſſe Mandane. Metrobate dit cela avec une ingenuité ſi inſolente, que l’on ne douta point que la choſe ne fuſt comme il la diſoit : car pour ceux qui l’avoient aſſisté, ils furent reconnus pour eſtre les meſmes Soldats qui eſtoient ſortis du Chaſteau aveque luy, & qu’il avoit fait venir de Pterie. Le Roy ne pouvant dont plus ſouffrir la veuë d’un ſi méchant homme, qui avoit penſé eſtre cauſe de la mort injuſte de Cyrus, & qui en ſuitte venoit d’attenter à leur vie : il commanda qu’on allaſt le mettre en priſon, juſques à ce que l’on euſt reſolu de quel ſuplice on puniroit tous ſes crimes. Mais on ne fut pas en cette peine : car ayant eſté aſſez long temps ſans eſtre penſé, il mourut entre les mains du Chirurgien : qui ne vouloit prolonger ſa vie