moi cette foule. Tu resteras seul avec nous, dans le faré que voici… Les autres pourront, s’ils le désirent, nous regarder de loin. » Et il se réfugia dans une hutte délabrée.
Haamanihi approuva cette prudence, et qu’il fût choisi, lui seul. Peut-être les étrangers craignaient des avanies : le tumulte et les menaces dans la fête des adieux aux esprits les inquiétaient encore ? Il fit donc reculer la foule, et pour la mieux contenir il tendit, d’arbre en arbre, des tresses de roa en les déclarant tapu. Parmi les spectateurs, il reconnut des desservants et quelques haèré-po du maraè tout proche, dont les terrasses culminantes montaient, par-dessus les têtes, à moins d’un jet de fronde. Alors soudain il s’inquiéta : quelle témérité que la sienne, à faire voisiner des dieux, si différents, ou du moins leurs fidèles ; et quelle menace que des rites qui jamais n’avaient ensemble frayé, ne devinssent tout à coup néfastes aux dévots des deux partis : aux fils de Oro comme aux enfants de Iésu. — Mais il se reprit, ricanant par dedans lui-même : les atua sont gens paisibles, et fraternisent bien mieux entre eux, dans les régions supérieures, que leurs prêtres ne s’accordent autour des autels ! Hiè ! en vérité les dieux restent inoffensifs et calmes jusqu’au jour où à force d’objurgations importunés on les tire de leur divine paresse pour les mêler aux luttes des hommes, les conjurer de ruses, les supplier de meurtre, et réduire leurs immenses volontés à s’en-