gné enfin, s’ébroua de ces hommes avares : quoi donc, ils possédaient un dieu fort et bienveillant, et c’étaient là les seuls aliments présentés ! Mais lui, prêtre du rang septième et Arii des îles sacrées, des îles respectueuses de tous les atua, il voulait rendre au dieu nouveau, apporté de l’autre face de la mer, un hommage sans pareil. — Sa voix épanouie couvrit les gloussements étrangers. Son front et ses épaules surpassaient leurs petites statures. Il arracha l’œil droit de la victime, et, s’évadant hors du faré délabré, se leva vers les nuages, criant de toute sa poitrine, afin que le dieu comprît, qui planait au firmament :
— « Ô nouvel atua, Iésu-Kérito, fils du grand dieu Iéhova, le prêtre de Oro t’accueille en ses terres. Pour bienvenue, il t’offre cet œil d’homme, nourriture divine, en aliment pour toi. Qu’il te plaise, désormais, au ciel Tahiti ! »
Les autres se lamentaient de plus belle, disant qu’on insultait leur dieu. Noté soupira, comme empli de regrets : — « Trop de hâte ! Ces gens ne pouvaient comprendre… ils ont profané ton nom, Kérito, et la mémoire de ton sacrifice. » Ses compagnons voulurent chanter encore. Leurs maigres voix irritées soufflaient faiblement. La foule avait disparu. Haamanihi marchait à grands pas vers la montagne. Seuls demeuraient les porteurs d’offrande, veillant comme il convient sur la victime, avant qu’on la jetât au charnier.