et parlaient en leurs bouches. Joyeux et forts, en pouvoir de toutes les sagesses, ils promenaient à travers les îles leurs troupes fêteuse et magnifiaient les dieux de vie en parant leurs vies mêmes de tous les jeux du corps, de toutes les splendeurs, de toutes les voluptés.
Devant le torrent triomphal, les étrangers miséreux avaient disparu. Au premier remous, leur faré-de-prières, chavirant, sombrait comme une pirogue disloquée. On le piétina. Les bambous craquaient sous les larges foulées, et la frêle charpente éclatait comme des côtes d’enfant. En pièces, le faré ! En fuite les nouveaux-parleurs ! qu’avaient-ils donc annoncé de profitable : qu’un dieu, quelque part dans les autres ciels, s’occupait à sauveter les hommes, mais les hommes, surtout les vivants maori, n’étaient point si pitoyables qu’il fallût s’inquiéter de leur sort, et le déplorer… En fuite ! En fuite ! l’autre dieu, le subtil et lumineux Oro resplendirait désormais sans contrainte : car, avec les étrangers aux gestes ridicules, l’atua Kérito, sans doute, s’était à jamais évanoui.
Alors la joie grandit : les chants se dispersaient, les rythmes se mêlaient, les cris sautaient hors des gosiers. Des lueurs éclataient dans les luisantes prunelles, et les paupières, comme des bouches épa-