nouies, souriaient. Parfois, dans la mêlée splendide, passait, d’une tête à l’autre, un même frémissement, et toutes les têtes, ensemble, se levaient pour clamer un grand cri d’allégresse. Dans les âmes légères, illuminées par l’esprit du áva, ne surgissaient que des pensers alertes et des désirs savoureux. À travers les visages pénétraient, jusqu’au fond des poitrines, les formes familières des monts, le grand arc du corail, la couleur de la mer, et la limpidité des favorables firmaments. Les brasiers, invisibles dans le jour, exhalaient une vapeur ondoyante à travers quoi palpitaient aux yeux la montagne, les hommes, les arbres. Le sable dansait en tourbillons étincelants. Et le corail, la mer, les firmaments, les brasiers et le sable, n’étaient que la demeure triomphale façonnée et parée pour le plaisir des maîtres-heureux.
Car tout est matière, sous le ciel Tahiti, à jouissances, à délices : les Arioï s’en vont ? — En fête pour les adieux. Ils reviennent pour la saison des pluies ? — En fête pour leur revenue. Oro s’éloigne ? — Merci au dieu fécondant, dispensateur des fruits nourriciers. Oro se rapproche ? — Maéva ! pour le Resplendissant qui reprend sa tâche. Une guerre se lève ? — joie de se battre, d’épouvanter l’ennemi, de fuir avec adresse, d’échapper aux meurtrissures, de raconter de beaux exploits. Les combats finissent ? — joie de se réconcilier. Tous ces plaisirs naissaient au hasard des saisons, des êtres ou des dieux, d’eux-mêmes ; s’épandaient sans effort ; s’étendaient sans