mesure : sève dans les muscles ; fraîcheur dans l’eau vive ; moelleux des chevelures luisantes ; paix du sommeil alangui de áva ; ivresse, enfin, des parlers admirables… Les étrangers, — où donc se vautraient-ils, — prétendaient se nourrir de leurs dieux ? Mais sous ce firmament, ici, les hommes maori proclament ne manger que du bonheur.
Un tumulte soudain remplit la vallée où sommeillait, paisible sous le ciel des sécheresses, la grande eau Punaáru. Les broussailles s’ouvrirent, crevées par des guerriers qui, pour surprendre leurs adversaires avaient choisi des sentiers imprévus. Ils bondirent sur la plage.
Les douze Maîtres demeuraient paisibles. Leur quiétude n’est point de celles dont un combat décide, et le tapu vigilant qui défend leurs membres sacrés vaut plus qu’une ceinture de pieux et de terre. — Mais la tourbe des riverains s’agitait, inquiète, hargneuse déjà. Ils couraient à la manière des crabes méfiants qui cherchent des abris. Les survenants furent vite reconnus : c’étaient les gens de Pomaré. À qui donc en voulaient-ils ? Car Atahuru, jusqu’à ce jour, s’était montré favorable au chef ! mais Pomaré n’était rien autre en vérité que le voleur de la terre Paré, l’homme au teint noir, aux lèvres grosses, le manant privé d’ancêtres, l’échappé des îles basses,