II
« Écoute, voici ma parole. Les hommes qui piétinent la terre, s’ils regardent au ciel de Tané, peuvent y dénoncer ce qui n’est pas encore ; et trouver par quoi se conduire, durant des nuits nombreuses, au milieu des chemins des flots.
» Ainsi pensaient vingt pagayeurs hardis. Et ils se mirent en route, disant qu’ils toucheraient Havaï-i, et reviendraient, auprès de leurs fétii, avant qu’elle ne soit abreuvée la saison des sécheresses. Et ils pagayaient durement.
» Mais voici qu’ils perdirent les mots et qu’ils oublièrent les naissances des étoiles. La honte même ! Vers où se tourner ? On dérive. On désespère. On arrive cependant : mais la terre qui monte n’a pas de rivage.
» Ils l’atteignent, sans savoir comment, et débarquent, en quête de féi pour leur faim, de haári pour leur soif : le sol est limpide comme la face des eaux vives ; les arbres sont légers et mous ; les féi ne rassasient pas. Les haári ne désaltèrent pas.
» Ils suivent des cochons gros, leur lançant des pierres : les pierres frappent : et les cochons ne tombent pas. Un dieu passe, avec le vent, au travers des voyageurs : il dit : que les sorts ne sont pas bons pour eux dans l’île sans récif et sans bord,