çaient autour de moi ! » Chacun de ces mots, bien que jetés d’une voix malhabile, suscitait de nouveaux partisans, et par là on mesurait d’avance la vertu de ce Livre dont les vocables demeurent efficaces jusque dans les plus médiocres bouches.
» Pomaré suppliait encore, pour obtenir le baptême. Il voulait convaincre les Missionnaires : n’avait-il point annoncé leurs triomphes, leurs bienfaits, avant que nul homme au nouveau-parler ne fût débarqué sur sa terre ? « J’ai rêvé la Bonne-Parole. J’ai rêvé ! J’ai rêvé ! » leur affirmait-il, sur un air inspiré. Mais Noté, qui savait peut-être combien il est aisé d’annoncer les choses à venir, — quand elles sont venues, — résistait aux désirs du chef. En revanche, l’arii reçut un jour, de la terre Piritané, un message où il était nommé : « le grand Réformateur » et « le grand roi Chrétien d’un peuple sauvage. » Pomaré se gonfla d’orgueil et répondit : « Amis, je suis content de vos paroles. Mais envoyez en même temps beaucoup de mousquets, et ce qu’il faut pour tuer les païens ; les guerres sont nombreuses dans ce pays : si j’étais battu par mes ennemis qui sont aussi les vôtres, on chasserait tous vos fétii. »
» Il importait, en effet, d’essayer un dernier grand coup. Sans attendre les provisions de guerre implorées, on s’ingénia pour en trouver d’autres. Les feuillets à signes qu’on avait fabriqués dans l’île, en grand nombre déjà, au moyen de petits morceaux de plomb noircis, on les déchiquetait pour en rouler des