clair dans ses entrailles : une honte lui survint. N’était-il pas le seul, dans cette foule, à remuer encore de tels pensers ? Il tenta de les mettre en fuite. Mais il les sentait savoureux et nobles, et resplendir en lui-même au-dessus des spectacles présents… Et les Missionnaires, à vrai dire, n’étaient rien de pareil aux grands Arii d’autrefois.
Mais c’était là parlers sauvages, — avait dit Samuéla ; — parlers périlleux désormais : le chef se manifestait baptisé, et tous les fétii : Térii, contre tous les autres n’aurait donc pas reçu le rite ! Ne pouvait-il aussi bien qu’eux répondre les « Paroles du Candidat ? » Se laissant aller à la foule, il se retrouva bien vite dans l’eau jusqu’aux épaules, comme les autres. Un baptisant commençait : « Reconnaissez-vous croire à Iésu-Kérito comme au seul Sauveur des hommes… ? » Térii répondit à peine : déjà l’autre lui avait inondé le visage, et jeté les paroles. Comme de nouveaux arrivants attendaient impatiemment sur le bord, il dut leur faire place.
Il s’ébroua sans bien comprendre, mais satisfait et mieux attentif à sa personne : il était chrétien ! non plus Térii l’Ignorant. Térii… quel nom stupide ! Aussitôt, il voulut s’en dépouiller, et comme il murmurait au hasard le premier mot qui l’eût fait rire à son retour, et qu’il eût retenu, « Iakoba », il dit gravement : « Je me nommerai Iakoba ». Ensuite il tâta ses membres, ainsi qu’il avait fait jadis dans la nuit du prodige : ses membres gardaient leur forme