et leur couleur. Il ne lui parut point que son haleine fût plus longue ni ses yeux plus habiles à lire les présages, dans le ciel. Une grosseur qu’il portait sur le pied gauche n’avait pas rapetissé. Ses dents ébréchées ne s’étaient point aiguisées de nouveau. Une fois de plus, malgré son double effort, le prodige et le baptême, rien ne changeait dans son corps d’homme vivant… que son nom peut-être. Il en conçut une fierté, avec un dépit.
Or, les promesses et l’espoir avaient été si grands et si fervents parmi ses compagnons, qu’il se reprit à attendre encore, et considéra la foule : tous les gens autour de lui restaient semblables à eux-mêmes par la démarche, le nombre de leurs pieds et les gestes de leurs figures. Quoi donc ! Était-ce seulement les pensers cachés des entrailles qui devaient s’illuminer ?… « La lumière de vie… » avaient assuré les envoyés du dieu… Il s’inquiéta de ne point s’en éblouir encore. Bien qu’à dire vrai, mieux eût valu jouir par toute sa personne, plutôt qu’en paroles obscures, des bienfaits promis. — Un court gémissement lui fit tourner la tête : l’aveugle Hiro, baptisé suivant son désir sous le nom de Paolo, revenait de la rivière, et toujours aveugle. Derrière lui tâtonnait la longue file des hommes aux yeux morts, et toujours morts. — Ceux-là non plus n’avaient pas rencontré la Lumière.