Page:Segalen - Les Immémoriaux.djvu/299

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rait pénétrer en lui-même, aussi, la grâce du Seigneur ! — mais voici la rive Punaávia.

On aperçut, vide à la fois de disciples et encombrée de nattes, de piquets, de cordes et de pierres à rôtir, une grande place auprès du rivage. Iakoba s’inquiéta soudain :

« Où est le faré ? »

Un homme dormait parmi les débris. Le diacre le secoua en déclarant son titre et répéta :

— « Où est le grand faré-de-prières ? »

L’autre répondit avec dignité : qu’il « en était le gardien et l’assistant de rang premier. Tout cela par avance. Car le faré n’avait jamais été bâti. » Il indiquait les bois enchevêtrés, se taisait, et voulut se rendormir. Le diacre le mit debout. Tous deux commencèrent à disputer. Sitôt, les fétii du voisinage, en quête de rires et de cris, vinrent mêler leurs réponses à celles du gardien, et témoignèrent que c’était bien là la maison du Seigneur, et qu’ils en étaient les fidèles.

— « Mais elle est par terre ! » répétait Iakoba. En effet : « mais elle se lèverait bien un jour ou l’autre. » D’ailleurs chacun des riverains avait donné sa part de travail, et s’en vantait : l’empressement d’abord, avait été grand : les façonneurs-de-pahi, habiles à manier les haches et les lames dentelées,