— que l’on reconnaissait aisément, au cercle tatoué sur la cheville, pour un haérè-po — n’ignorait pas un si grand personnage ?
Térii déclara, non sans quelque dédain, qu’il ignorait tous les prêtres de la rive Atahuru.
— « Hiè ! l’orgueil même ! » affirma plaisamment le conteur, qui reprit l’éloge de Haamanihi. C’était un vieil homme, éraillé d’ulcères et desséché par le jus enivrant du áva. Ses jambes se boursouflaient ; ses yeux blanchissaient ; il se prétendait aveugle. Cependant, il demeurait violent, robuste en ses désirs et ses haines, ingénieux, lucide et beau parleur. Les yeux malades restaient pénétrants et les pieds gonflés n’altéraient point la démarche qui dénonçait un arii. — Car jadis, il avait possédé la terre haute Raïatéa, d’où, chassé par les jaloux et les querelleurs, il s’était réfugié…
Le haérè-po sifflait avec mépris. Les jolis serviteurs que ces évadés de tous les récifs ! Le maraè Atahuru les accueillait sans dignité, et n’avait point d’autres desservants… La honte même !
— « Donc » poursuivait l’hôte, « Haamanihi songeait sans cesse — ayant épuisé la série des offrandes — aux moyens seulement humains de recouvrer son île. Les étrangers, — qui parlent des langages aussi divers que les couleurs des étoffes peintes pendues à leurs mâts, — les étrangers lui semblaient tous également favorables. Même les derniers venus, les hommes au nouveau-parler, qui, cependant…